Quels métiers et quelles compétences pour demain ?

Publié le 20 octobre 2017

Le 18 octobre dernier, Julien Monnet, directeur de Tadeo animait une table ronde sur les métiers et compétences de demain, dans le cadre de conférences sur la place du handicap dans la réflexion sur l’évolution des métiers. Une belle journée de débats organisée par Creative Intersections avec le soutien de Agirc-Arrco.

Quels métiers et quelle compétences pour demain ? La thématique était vaste !  Pour animer cette table ronde, Julien Monnet avait choisi d’orienter les discussions sur les expériences concrètes des participants aussi bien dans leurs organisations que dans leurs expériences professionnelles et personnelles.

A l’écoute du terrain

La table ronde s’est ainsi d’abord orientée autour des formations et de la collaboration avec le secteur privé. Laurence Hyvernat, directrice du centre Forja a ouvert le débat en présentant sa structure qui accompagne depuis 40 ans des personnes déficientes visuelles. Elle propose aujourd’hui 3 parcours de formation individualisés :

  • un parcours de mise à niveau,
  • une parcours de remise à niveau
  • et un parcours diplômant avec un cursus orienté sur le tertiaire : « une proposition innovante dans le monde médico-social, puisque c’est une formation que nous avons co-construite, avec le réseau des formations de la CCI et notamment le réseau Negoventis, pour être plus près des besoins en recrutement des entreprises. »

Une initiative soulignée par François Martinez, en charge de l’innovation AGEFIPH. La réalité du terrain est pour lui aussi un aspect fondamental de la réflexion. « Suite à une étude menée en Bretagne, nous avons remarqué le poids de l’autocensure chez les jeunes en situation de handicap effectuant leur stage de troisième : « parce que j’ai tel type de handicap, alors je vais m’interdire d’aller vers tel type d’orientation professionnelle » ». Réfléchir à l’évolution des métiers signifie en parallèle ouvrir les horizons de ces jeunes, montrer que le charpentier d’hier n’est plus celui d’aujourd’hui, faire découvrir les nouveaux secteurs porteurs.  « Nous avons encore de quoi travailler, non pas en partant du haut, mais peut-être en partant des réalités de terrain ».

Côté terrain, le service public n’est pas en reste. Caroline Mauvignier, chargée de mission pour la recherche et l’innovation au Fonds pour l’Insertion de Personnes Handicapées dans la Fonction Publique (FIPHFP) a insisté sur les formations dispensées non seulement aux personnes en situation de handicap mais aussi désormais aux agents des Cap Emploi ainsi qu’aux référents handicap. Quant aux métiers de demain, s’il est difficile de les prédire, l’impact du numérique est pour le FIPHFP un enjeu porteur de changement « une étude est actuellement menée par le CNFPT ( Centre National de la Fonction Publique Territoriale) sur l’impact du numérique dans les métiers de la fonction publique.»

L’accompagnement individualisé

Le débat s’est ensuite porté sur l’importance de l’accompagnement individualisé. Pour Anne Valleron secrétaire nationale à la protection sociale, qualité de vie au travail, et RSE, développement durable, à la fédération CFE CGC de la métallurgie, un salarié qui déclare une RQTH doit souvent faire le deuil de sa vie professionnelle passée. L’accompagnement est alors indispensable. Comme il l’est aussi pour le centre Forja afin d’être au plus près des ambitions des personnes mais aussi pour construire leurs évolutions de carrière  : «  Nous sommes l’une des premières associations à être rentré à la CPME, parce que nous estimions que les TPE et les PME étaient l’environnement humain et professionnel adéquat pour des stagiaires de la formation professionnelle, afin de bénéficier d’un accompagnement individualisé ».

La révolution des compétences

La table ronde s’est clôturée sur l’idée d’une « révolution des compétences ». Pour Anne Valleron « il est indispensable de regarder des compétences avant de regarder les restrictions. Il faut parler en positif :  qu’est-ce que je sais faire, qu’est-ce que nous savons faire, qu’est-ce que le salarié peut m’apporter ? Le reste, c’est de l’adaptation. »
Les contrats de qualification et en alternance sont à ce titre un premier pas important pour les personnes en reconversion comme pour les jeunes.  Ils dédramatisent les situations et permettent d’insister sur ces dites compétences. Mais pour François Martinez, c’est notre regard qui doit changer. « Nous avons un système français basé sur le diplôme, sur la reconnaissance académique des compétences, et il y a probablement, à faire bouger les lignes ». Vivre en situation de handicap impose, à un moment donné, de dépasser des obstacles, et d’être, en permanence, dans cette capacité à résoudre des problèmes. « Dans une équipe de travail, avoir des gens qui pensent résolution de problèmes, c’est absolument précieux.» Et envisager le futur sous cet angle, ouvre le champ des possibles.

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